2023-04-01 — 2024-12-13

En explorant le thème du divertissement, j'ai fait une pause d'un mois sans vidéos ni jeux. J'y ai découvert les bienfaits de la lecture, de l'écriture et du fait de laisser mon esprit vagabonder. Cette expérience m'a poussé à m'interroger sur la vraie valeur du contenu que je consommais, révélant qu'une grande partie n'était que du divertissement passif et m'incitant à chercher des façons plus actives et enrichissantes d'interagir avec les médias.

Sur le divertissement

C

ela fait très longtemps que je regarde des vidéos YouTube. J’aimais bien le contenu sur la science, les maths, les voyages et d’autres sujets qui m’intéressaient. C’était devenu une habitude, un truc que je faisais tous les jours, le soir et à chaque repas que je prenais seul. J’imagine que ça me semblait non seulement nécessaire, mais aussi bénéfique : après tout, je regardais du contenu qui m’apprenait des choses, non ?

Une expérience

En février 2023, j’ai senti que je passais trop de temps sur ces activités et j’ai décidé d’arrêter de regarder des vidéos, des films, des séries ou de jouer aux jeux vidéo pendant un mois entier. Au début, ça a été difficile, parce que j’ai senti un vide dans ma routine. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire en mangeant, le soir, ou quand je m’ennuyais dans le train ?

Mais les réponses ne se sont pas fait attendre.

Résultat 1 : Les livres

D’abord, je me suis mis à lire des livres. Ce qui est génial avec les livres, c’est qu’on peut aller à son propre rythme. Au lieu d’être gavé de contenu sans pause, on peut adapter la vitesse à ce qu’on lit. On peut prendre le temps de visualiser, faire une pause pour réfléchir à une idée, chercher quelque chose qui nous intrigue, prendre des notes (c’est possible aussi avec les vidéos, mais ça demande un effort pour arrêter, alors qu’avec un livre, il faut faire un effort pour continuer).

Les vidéos durent entre dix minutes et (peut-être) une heure. Les livres sont des formats plus longs, souvent au moins dix heures de lecture, ce qui veut dire qu’en plus d’exiger un effort actif, ils impliquent moins de changements de contexte (ce qui n’est généralement pas terrible).

Bon, on ne peut pas faire grand-chose d’autre en lisant, et j’écoutais quand même des podcasts pendant d’autres activités. En général, je préfère les conversations longues et les podcasts fouillés et bien produits, mais les pièges des vidéos peuvent aussi s’appliquer ici. J’imagine que l’audio est moins stimulant que la vidéo, cela dit, et la saturation mentale semble plus facile à remarquer.

Résultat 2 : L’écriture

J’ai fini par passer plus de temps à écrire mon journal, et à le faire de manière plus détaillée. Ça incluait ce que j’avais fait pendant la journée, mais aussi des pensées en vrac, des observations et des idées intéressantes. C’est clairement un avantage : j’oublie facilement ce genre de choses, et j’aime bien relire mes pensées et expériences passées, autant par curiosité que pour mon développement personnel.

Peut-être plus significatif pour vous qui lisez : c’est aussi à ce moment-là que j’ai créé ce site web. L’idée me trottait dans la tête depuis un bon moment (j’avais d’ailleurs acheté un autre nom de domaine qui n’a servi à rien pendant un an), mais bizarrement, je n’avais jamais trouvé la motivation de m’y mettre avant ça. Coder pour un projet personnel, c’est bien plus gratifiant que pour quelqu’un d’autre, et j’ai adoré tout mettre en place.

Résultat 3 : Rien

Ou plutôt, rien de particulier. Notre cerveau est toujours en activité. Laisser son esprit divaguer lui permet de traiter l’information1, fait remonter des idées à la surface, des choses à régler, des histoires, des souvenirs… probablement des choses utiles, sans doute. C’est facile, trop facile, de penser que c’est du temps perdu et qu’on devrait vraiment faire quelque chose. Heureusement, l’envie passe si on n’y cède pas.

La valeur du divertissement

Après un mois comme ça, j’ai réfléchi et je me suis demandé : « Alors, quel est l’intérêt de ces vidéos ? Y en a-t-il vraiment un ? » et plus généralement : quel est l’intérêt du divertissement ?

Une chose est claire pour moi : le divertissement pur, c’est comme l’alcool pur : ça n’apporte rien (voire une valeur négative). Par divertissement pur, j’imagine un truc comme TikTok. Certains m’ont dit qu’ils pouvaient passer des heures à faire défiler vidéo après vidéo, et ne se souvenir de rien. C’est un mécanisme d’oubli, un trou noir temporel. Les seules choses qu’on a dans la vie, c’est notre corps et notre temps…

Mais les vidéos que moi je regardais sont différentes, non ? Eh bien, ça dépend.

La centrifugeuse

Pendant ce mois, je ne pouvais pas regarder de vidéos, mais j’étais quand même curieux de savoir de quoi parlaient certaines d’entre elles. Je me suis dit que l’IA pourrait aider. Voici le plan :

  1. Télécharger l’audio d’un lien YouTube.
  2. Utiliser Whisper pour obtenir une transcription.
  3. Appeler GPT-3.5 (un grand modèle de langage) avec un prompt personnalisé lui demandant un résumé.
  4. Si la vidéo dure plus d’environ dix minutes, la transcription dépasse la fenêtre de contexte. Pour contourner ça, on appelle GPT plusieurs fois pour créer des sous-résumés, puis une dernière fois pour le résumé final.

Du coup, maintenant, je peux obtenir l’essentiel d’une vidéo d’une heure, résumé en quelques lignes, automatiquement et pour pas cher (quelques centimes tout au plus). On peut voir ça comme une centrifugeuse, qui sépare le superflu, le puta-clic, les paillettes et tout le tralala, et ne garde que le vrai contenu.

Ce que j’ai remarqué, c’est que pour beaucoup de vidéos (y compris certaines que j’aurais considérées comme enrichissantes), je n’avais pas envie de regarder la vidéo après avoir lu le résumé. Quand je l’ai lu, je me suis dit : « mouais ok, intéressant, mais en fait je m’en fiche un peu ». Le fait que je m’en fichais après avoir lu le résumé m’a montré que je regardais ces vidéos uniquement pour me divertir, et rien de plus.

Pour d’autres vidéos, au contraire, j’ai lu le résumé et je me suis dit : « ok, compris, allons chercher plus d’infos ». J’avais eu ce que je voulais, et je pouvais chercher les détails si ça me chantait. Pas besoin de regarder la vidéo non plus.

Voilà donc les deux extrêmes. Y a-t-il des cas intermédiaires ?

Le reste

Il y a quelques cas où j’ai senti qu’il me manquait quand même quelque chose, par exemple :

  • Apprendre une langue en regardant des vidéos en espagnol ou en allemand. Avoir l’image avec l’audio facilite beaucoup la compréhension. Les livres n’ont pas d’audio, et les podcasts sont parfois difficiles à comprendre.
  • Découvrir une partie du monde à travers des vidéos de voyage.
  • Parfois, les vidéos sont juste divertissantes mais tellement sympas…

Dans le premier cas, le but est d’apprendre. Dans le second, c’est de découvrir quelque chose, de se créer des souvenirs, de ressentir l’atmosphère d’un lieu. Et le troisième, c’est une question de ressenti. Est-ce que ce sont des motivations suffisantes ?

La passivité

Je n’ai pas encore repris le visionnage de vidéos (on est en avril), et je ne le ferai probablement pas tant que je n’aurai pas trouvé de réponses satisfaisantes à ces questions. Quelques pistes à explorer :

  • Prendre autant de temps que la durée de la vidéo pour approfondir le sujet et prendre des notes. Ça aide à mémoriser, à réfléchir et ça sert pour référence future.
  • En faire une activité sociale en regardant uniquement avec quelqu’un d’autre, puis en parler, débattre des idées.

Au final, il s’agit de rendre l’activité plus active. La passivité, c’est la raison pour laquelle je me souviens de moins de 1% de ce que j’ai regardé, pourquoi c’est si facile de perdre son temps, et pourquoi je ne pense pas que ça ait apporté beaucoup de valeur à ma vie.

Petite note : le cas des jeux vidéo

De toutes les formes de divertissement basées sur du contenu, les jeux vidéo se démarquent. Je me souviens avec beaucoup de plaisir du temps passé à résoudre les salles de Portal ou à explorer le monde de Breath of the Wild. Le simple fait d’écouter la musique de ce dernier fait remonter des émotions très fortes. Je ne peux pas en dire autant des vidéos que j’ai regardées ; en fait, je m’en souviens à peine.

Je pense que c’est un argument qui montre que la passivité est la coupable. Mais bien sûr, on peut aussi abuser des jeux. Pitié, ne gâchez pas votre vie sur WoW.

Conclusion

Changer ses habitudes montre à quel point on peut être inconscient de ce qu’on fait. La routine anesthésie l’esprit ; secouez-la de temps en temps, et vous êtes sûr d’en tirer des enseignements.

Si vous avez des idées constructives sur ce sujet, n’hésitez pas à me contacter.

Moos

Le divertissement pur, c’est comme l’alcool pur : ça n’apporte rien.