2024-07-02 — 2024-12-13

Place au mariage : cérémonies tradi, fêtes pleines de vie et bouffe délicieuse. Même si je suis un peu à plat et que j'ai le mal du pays, je me laisse emporter par les festivités. De la petite réunion de famille au grand banquet en plein air, je découvre les coutumes locales et je profite de la compagnie de nouveaux amis.

Journal de voyage en Inde – Partie 7 : Le Mariage

A

près un long trajet en voiture, quel soulagement d’arriver enfin à l’hôtel où le mariage va avoir lieu. Il est un peu excentré, sur une longue route droite et poussiéreuse, avec quelques boutiques et ateliers aux alentours. C’est un hôtel plutôt sympa – surtout comparé à ce qu’on trouve à New Delhi pour le même prix.

Comme c’est un peu paumé, pas vraiment d’options pour manger dehors accessibles à pied. Du coup, je teste le restaurant de l’hôtel avec Julien et Claire. Il y a des plats aux noms français sur la carte, alors je tente un Poulet Argenteuil. Ça passe, mais clairement, ça n’a rien de français !

Jour 1

Le lendemain commence aussi par de la nourriture : le petit-déjeuner est inclus, et plutôt chouette ! Le personnel prépare des œufs et des omelettes à la demande, y’a pas mal de choix de plats… Est-ce que je parle trop de bouffe ?

Bref, le mariage va se dérouler en trois temps :

  1. Ce soir, une petite fête au bar de l’hôtel, seulement avec la famille et les amis proches.
  2. Demain après-midi, la cérémonie traditionnelle.
  3. Et pour finir, demain soir, le grand banquet en plein air, dans l’espace dédié à l’arrière de l’hôtel.

La photo ci-dessus montre l’endroit où la cérémonie aura lieu demain matin.

Tout ça veut dire que j’ai toute la journée pour moi. Certains vont faire des achats de dernière minute, et moi, j’ai besoin d’un peu de calme. Il y a une petite salle de sport que je suis content d’utiliser – c’est l’une des rares fois de ma vie où je préfère courir sur un tapis plutôt qu’en extérieur.

Beaucoup de temps libre, ça veut aussi dire l’esprit qui divague. Et vous savez ce que c’est : un esprit qui vagabonde est un esprit malheureux.

Je dois réfléchir à la suite de mon voyage. Ma prochaine destination, c’est la Thaïlande, où je vais apprendre l’apnée et essayer le Muay Thai (plus de détails à venir !) avant de visiter d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Seulement voilà… je suis moins enthousiaste que prévu. L’Inde m’a épuisé. J’ai le mal du pays.

J’ai déjà avancé mon vol de trois jours (merci à mon moi du passé d’avoir pris un billet flexible), mais partir encore plus tôt, c’est pas possible pour… diverses raisons.

Je ne sais pas trop quoi faire.


Le soir. C’est l’heure de la fête ! Celle-ci est décontractée, donc je garde ma tenue de voyageur habituelle, et je monte de quelques étages jusqu’au bar. Il ne se passe pas encore grand-chose, mais tout est prêt : lumières, musique, serveurs et photographes sont en place.

Petit à petit, les gens arrivent, des photos sont prises (parfois de manière un peu intrusive, je n’ai pas l’habitude), et on fait tourner les boissons et les amuse-gueules.

À un moment, A. (le marié) est encerclé par toutes les femmes de la famille de la mariée, qui dansent autour de lui pour symboliser la transition de sa famille à la sienne (enfin, ne me prenez pas au mot, j’essaie juste de donner un sens à mes souvenirs).

Tout ça est très bruyant. Oui, je sais ce que vous pensez : l’Inde, c’est bruyant. Mais là, c’est vraiment très fort, genre 103 dB…

Même avec des bouchons d’oreilles, j’ai besoin de reposer mes oreilles de temps en temps. Je suis sûr que certains invités y ont laissé un peu d’audition. Bref. Tout le monde danse, sauf, eh bien, vous pouvez le voir vous-même…

Il y a aussi un gâteau. Ah, et il y a quelqu’un dont le seul but est de faire des tatouages au henné à qui le souhaite, comme on peut le voir sur la main de Claire sur la photo ci-dessous.

Malheureusement, je n’ai pas un souvenir très précis de cette journée, et j’ai oublié de prendre des notes, ce qui veut dire que je ne peux pas vous en dire beaucoup plus… Espérons que les photos parlent d’elles-mêmes. Et n’oubliez pas d’ajouter de la musique indienne très forte dans votre tête !

Jour 2

Je me lève assez tôt – peut-être que le petit-déjeuner m’appelle – et je suis parmi les premiers en bas, au restaurant. Tandis que les gens que je connais vont et viennent, je reste pour discuter avec eux et boire du chai. Probablement trop de chai.

Cérémonie

Hier, on nous a dit que la cérémonie aurait lieu à 13h et qu’il fallait être là à 12h30 précises (quelques personnes rigolent). En attendant, je me détends et je fais un peu de sport.

Quand l’heure arrive, je m’habille – un Kurta bleu foncé et un pantalon blanc achetés à Chandigarh – et je descends d’un étage vers la zone de la cérémonie.

Sous la tente, on voit deux sièges côte à côte, où les mariés vont s’asseoir. C’est aussi la première fois qu’on voit leurs tenues traditionnelles. Voici A :

Vous vous souvenez du 12h30 précises ? Eh bien, c’est la version indienne de “précises”, qui autorise plus de… flexibilité. Finalement, les choses commencent. Tous les hommes sont d’un côté du couloir, toutes les femmes de l’autre. Tout est assez lent et un peu confus, mais on finit par s’installer sur les sièges autour de la tente.

Il y a un homme, engagé spécialement pour l’occasion, qui mène la cérémonie et parle en sanskrit. Ce qui veut dire que presque personne ne comprendrait ce qui se passe, s’il n’y avait pas un traducteur qui commente en hindi, et parfois en anglais pour que le public puisse suivre.

À ce stade, je dois préciser que A et M ont décidé de simplifier et d’accélérer toutes les cérémonies traditionnelles en une seule. Quelques semaines plus tôt, le frère de M s’est aussi marié, mais avec la cérémonie complète. Un moment précis de cette cérémonie doit avoir lieu au lever du soleil, ce qui veut dire qu’ils ont dû commencer à 4h du matin (et ils étaient quand même en retard pour le truc au lever du soleil). Évidemment, certains piquaient du nez…

Je ne peux que saluer leur décision, je n’aurais pas voulu me lever au milieu de la nuit !

Difficile de dire exactement ce qui se passe. Dans le brasero carré, un feu est allumé. Ensuite, avec des incantations répétées (pas sûr que ce soit le bon mot), des plantes, des épices et d’autres trucs sont jetés dans le feu. Parfois c’est celui qui mène la cérémonie, parfois le marié, parfois la mariée. On jette du riz sur le couple. Il y a aussi de l’argent qui circule.

Ça continue comme ça, de façon un peu mystérieuse, pendant une heure. Même si je ne comprends pas grand-chose, c’est quand même agréable à regarder, surtout qu’on nous sert du chai chaud et de la soupe (il fait un peu froid avec le brouillard). À la fin, des fleurs sont distribuées au public – encore une fois, pour être jetées sur les jeunes mariés.

Ensuite, la tradition veut qu’il y ait une sorte de chantage-enchère entre un membre de chaque famille. Cette fois, ce sont les chaussures du frère d’A, qui “doit” payer une somme absurde pour les récupérer, et le jeu, c’est qu’il essaie de faire baisser ce prix autant que possible.

Après avoir profité d’un bon buffet, on a du temps libre jusqu’à 20h. Voilà ma tête après la cérémonie :

Banquet

C’est l’heure de la grande fête ! À 20h précises, je retrouve Julien et Claire dans le hall de l’hôtel. On ne sait pas trop où aller, quoique… il y a bien une sorte de tunnel de fleurs le long de l’hôtel, qui mène vers l’arrière.

Au bout de ce “tunnel” magnifiquement décoré, une photo de A. et M., et de leur famille proche. Derrière, un grand carré d’herbe, peut-être 50m sur 50m. Sur deux côtés, de la nourriture. Beaucoup de nourriture. Viande grillée, fritures, naans, soupes, sauces, glaces, salades, gâteaux, fruits…

Du côté opposé à l’hôtel, de gauche à droite : une piste de danse et un DJ, une scène, et un grand écran avec la vidéo en direct d’un caméraman.

C’est assez vide pour l’instant, à part les nombreux employés (serveurs, cuisiniers…). En fait, j’apprends que beaucoup de gens ne peuvent pas venir à cause du brouillard. Conduire est déjà très lent ici, et c’est encore pire dans le brouillard épais ; ils mettraient une éternité à rentrer chez eux après.

Maintenant avec A., on est quatre, et on commence à faire le tour. Les serveurs, sans doute désireux de montrer leur hospitalité, nous suivent (on est les premiers et seuls invités pour le moment) et essaient de nous faire prendre de la nourriture sur leurs plateaux. L’insistance paie, je suppose, car je finis par céder et goûter des trucs au hasard, les uns après les autres.

Au milieu du carré : des chaises, des tables, des canapés, des braseros (rappelez-vous que c’est l‘“hiver” et qu’il fait environ 15°C). Il y a aussi ce qu’on pourrait décrire comme une table de banquet, soigneusement dressée, avec des couverts emballés prêts à servir.

Progressivement, de plus en plus de gens arrivent et ça devient assez animé. Je passe mon temps à aller de groupe en groupe, à discuter – et bien sûr – à manger. Le problème avec autant de stands de nourriture, c’est que j’ai envie de tout essayer. Et c’est un peu ce que je fais, au final.

Le nombre de personnes augmente. La taille de mon ventre augmente. Savez-vous ce qui augmente aussi ? Le volume sonore, évidemment. Bon, en vrai, c’est assez raisonnable pendant la majeure partie de la soirée (ça aide d’être dehors), mais quand vient le moment de danser, ça dérape. Ça dérape à 114 dB, pour être précis. Je porte des bouchons d’oreilles, donc ça va, même si je suis un peu inquiet pour les autres.

Mais on passe tous un bon moment, à danser, discuter et manger.

Après avoir déjà beaucoup trop mangé, il y a le gâteau.

(désolé, j’en ai mangé un bout avant de prendre la photo)

Là, il commence à se faire un peu tard, passé 23h. La logique voudrait qu’on en ait fini avec la nourriture, mais non. Vous vous souvenez de la table de banquet ? On nous invite à nous asseoir. Alors les serveurs arrivent et encerclent la table, avec de la nourriture. On est peut-être vingt à table, et autant de serveurs autour de nous. J’en refuse quelques-uns, mais encore une fois, je cède, et je me retrouve avec une assiette pleine en un clin d’œil.

La cuisine indienne est certes un peu répétitive et grasse, mais elle a bon goût. Ça se laisse manger. Machinalement, automatiquement, je mange – tout en étant assez lucide pour réaliser que je le regretterai plus tard. Je ne crois pas avoir jamais autant mangé en une seule soirée qu’aujourd’hui !

Les choses se calment vers 1h du matin. Je dis au revoir à tout le monde, y compris la famille de M. Certains me disent un truc du genre “J’espère que tu n’es plus trop stressé par l’Inde maintenant” sur un ton blagueur. Je me sens un peu ridicule ! Mais ils ont raison.

Il y en a même une – que j’ai rencontrée ces derniers jours – qui me dit qu’elle vit à Mumbai avec son mari et qu’elle serait ravie de m’héberger si jamais je veux venir. C’est pas adorable, ça ?

Il est temps d’aller dormir. On part tôt demain, direction le monument le plus célèbre d’Inde, et plus encore…